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"Les Grandes Invasions". Les Royaumes Barbares D'Europe Occidentale [ French language ]

Causes des conquêtes barbares. 

L'Empire romain des IVe et Ve siècles n était plus en mesure de contenir la pression des peuples barbares. L'élite combative des tribus germaniques et slaves convoitait les richesses et les terres de l'Empire. L'accroissement numérique des tribus et des nationalités qu'elles commençaient à constituer, les obligeait à rechercher de nouveaux espaces. Durant les derniers siècles de l'existence de l'Empire romain, tribus isolées et fédérations militaires déferlèrent en vagues successives sur l'Europe, du nord au sud et de l'est à l'ouest. Les « Grandes Invasions » sonnèrent le glas de l'Empire romain d'Occident, elles inaugurèrent l'ère du féodalisme. 

 

Les Goths. 

Les principaux protagonistes de ces migrations furent les tribus germaniques de l'Est et tout d'abord les Goths. Initialement les Goths avaient peuplé le littoral sud de la Baltique, puis une partie se transporta en Scandinavie. Au début de notre ère ils s'étaient installés à l'embouchure de la Vistule. Ils se mirent en mouvement aux IIe et IIIe siècles en direction du sud-est, refoulant les autres tribus sur leur passage. Dès la première moitié du IIIe siècle, les Goths avaient atteint le littoral nord de la mer Noire où ils occupèrent un territoire s'étendant du bas Danube au Don. Les tribus fixées à l'ouest du Dniepr — « les habitants des forêts » — reçurent le nom de Wisigoths et celles qui étaient établies dans les steppes le long du Dniepr et plus loin vers l'est furent appelées les Ostrogoths. Le nord du bassin de la mer Noire avait été peuplé par d'autres tribus germaniques, les Gépides, les Hérules, etc., qui s'assimilèrent partiellement aux Goths et aux habitants de ces contrées supérieurs en nombre: Slaves, Scythes et Sarmates. Ces peuples attaquaient les possessions balkaniques de l'Empire et les pillaient. Ils mirent à sac la Thrace et la Macédoine en 250-251. L'empereur Décius périt au cours d'une bataille livrée aux Barbares. Les raids pirates des Hérules et d'autres tribus atteignaient l'Asie Mineure et la Grèce. En 269 l'empereur Claude réussit à infliger une défaite à ces voisins de l'Empire romain; ils furent incorporés à l'armée romaine, ou s'établirent comme colons dans les régions frontalières qu'ils avaient dévastées. Pendant près d'un siècle les provinces danubiennes connurent une paix relative, tandis que dans les provinces occidentales les Romains eurent à se défendre à plusieurs reprises dans la seconde moitié du IIIe siècle et au IVe contre les invasions des Francs, des Alamans et contre de nouveaux ennemis, les Burgondes, qui avaient quitté leur habitat primitif entre la Vistule et l'Oder pour s'établir sur le Main.

Les Goths installés au nord de la mer Noire pratiquaient l'agriculture et l'élevage. Les métiers connurent un certain développement. Par l'entremise des Goths les produits d artisanat exécutés par les tribus du littoral de la mer Noire se répandirent loin vers l'Ouest. La conversion d'une partie des Goths au christianisme, sous forme d'hérésie, il est vrai, l'arianisme , peut être considérée comme un indice de ce que la formation des classes avait commencé. (égal de Dieu le pere mais crée a sa semblance. L'arianisme fut condamné au Concile de Nicee (325)). Le principal propagateur de l'arianisme tut l'évêque Ulfila (311-383), qui créa l'alphabet gotique sur la base des alphabets grecs et latins et traduisit une partie de la Bible. La Bible d'Ulfila est le plus ancien monument de l'écriture germanique (exception faite des inscriptions runiques). 

 

Invasion des Huns. Bataille d'Andrinople.

 L'Union des Ostrogoths, conduite par Hermanaric, subit en 375 la poussée terrible de nomades belliqueux, les Huns. Partis d'Asie, ils avaient déjà soumis un certain nombre de tribus. Toutes les tentatives des Ostrogoths de résister aux hordes innombrables des nomades étaient vouées à l'échec. Après le suicide d'Hermanaric, ils durent se soumettre aux Huns qui les entraînèrent à leur suite vers l'Ouest. 

Devant la menace d'une invasion imminente, les Wisigoths s'adressèrent aux dirigeants romains leur demandant l'autorisation de s'établir en Thrace et en Mésie. L'empereur Valens agréa leur requête, et en 376 ils s'installèrent au sud du Danube. Des difficultés surgirent, face à la nécessité de nourrir la multitude de nouveaux venus. Les abus et chantages des fonctionnaires romains n'étaient pas faits pour remédier à la situation. Les Goths se soulevèrent, soutenus par la population opprimée du pays. Le 9 août 378 l'armée romaine essuia une défaite totale à Andri- nople. Battu par les Goths, l'empereur Valens tenta de fuir mais il fut pris et brûlé vif. Les Goths dévastèrent la majeure partie de la péninsule des Balkans et arrivèrent en vue de Constantinople. Le général romain Théodose (futur empereur) eut toutes les peines du monde à les apaiser. Un accord intervenu avec lui abandonnait aux Goths les provinces balkaniques, qu'ils occupèrent en qualité de fédérés. Les Wisigoths se révoltèrent de nouveau, à la mort de Théodose (395) et marchèrent sur Constantinople, sous la conduite de leur roi Alaric. L'empereur d'Orient Arcadius réussit à corrompre Alaric et détourna les Wisigoths vers l'Ouest.

 

Les Wisigoths en Italie. 

En 401 Alaric fait irruption en Italie u Nord mais il est rejeté dans l'Illyricum par Stilicon, un général t. Le prêtre Anus niait la doctrine de l'unité et la consubstantialité des trois personnes de la Trinité, i considérait que Dieu le fils n'était pas romain d'origine vandale. Vers la même époque les^ frontières de l'Empire cèdent sous la poussée des Alains, des Suèves et des Vandales, chassés par les Huns de la Pannonie. Conduits par Radagaise, ils assiègent Florence en 405-406 de concert avec les Ostrogoths. Mais Stilicon réussit à les défaire ; une multitude de Barbares est réduite en esclavage. De 407 à 409 Alains, Sueves et Vandales mirent la Gaule à sac. « La Gaule tout entière flambait comme une torche », déplorait un poète du temps. En 409-411 ces tribus s'emparaient de l'Espagne. 

Pour tenter de contenir l'invasion des Barbares dans les provinces méridionales, Stilicon dut rappeler les légions romaines de la Bretagne et de la Gaule du Nord. La domination romaine en Bretagne prit fin. Mais les invasions précédentes avaient affaibli l'Italie. Stilicon périt, victime des intrigues de cour des sénateurs romains mécontents de sa politique de concessions aux Barbares. Une nouvelle incursion des Wisigoths obligea Honorius, empereur d'Occident, à chercher refuge à Ravenne. Rome fut assiégée par les Wisigoths. L'approvisionnement de la ville fut interrompu. Alaric exigea la remise de tous les trésors de Rome et des esclaves d'origine barbare. Il reçut satisfaction. Des pourparlers furent engagés entre l'empereur et Alaric lequel réclama l'abandon de la Dalmatie, de la Norique et de la Vénétie aux Wisigoths. Il essuya un refus et en 409 marcha de nouveau sur Rome qu'il assiégea. Les habitants de Rome ne purent supporter la famine et ouvrirent les portes de leur ville aux envahisseurs. Le 24 août 410 Alaric entrait dans Rome qui fut pillée de fond en comble.

La cnute de « la ville éternelle » frappa les contemporains. Nombreux furent ceux dans la société esclavagiste qui y virent l'annonce de la « fin du monde ». Les défenseurs du paganisme cherchaient les causes de la catastrophe dans l'oubli des dieux ancestraux et accusaient les chrétiens. Cette tendance fut combattue par un évêque de l'Afrique du Nord, Aurélien Augustin (354- 430), l'un des plus grands philosophes de la chrétienté et le plus célèbre des « Pères de l'Eglise ». La prise de Rome lui inspira son ouvrage La Cité de Dieu. Il y déplore la chute de Rome, mais il exprime son espoir de la voir renaître des ruines. Il oppose à la Cité terrestre, éphémère et pliant sous le poids du paganisme et des péchés humains, la « Rome véritable », « le royaume de Dieu», éternel et indéfectible, dont l'incarnation sur la terre est l'Eglise chrétienne. « Saint »-Augustin est profondément convaincu que la régénération de l'Etat n'est possible aue par l'Eglise à laquelle il doit obéissance. En vrai apologiste de la société expirante, Augustin est hostile aux Barbares. L'esclavage représente à ses yeux un ordre naturel. L'affranchissement des esclaves est possible, selon lui, dans le seul plan spirituel « ...s'ils ne peuvent être affranchis de leur servitude, qu'ils sachent y trouver la liberté, en ne servant point par crainte mais par amour... » 

Après s'être empare d'un énorme butin, Alaric prit la direction de l'Italie du Sud pour se transporter en Sicile et de là en Atrique. La perte de la flotte et le décès prématuré d'Alaric mirent un terme à ce projet.

 

Conquêtes barbares de la première moitié du Ve siècle. 

Le successeur Alaric, Ataulphe, entraîna les Wisigoths vers le nord, jusqu'à la Gaule dont ils occupèrent le sud-ouest. Les Wisigoths étendirent bientôt leur domination à la péninsule ibérique, en refoulant les Alains et les Vandales. Ceux-ci, conduits par Genséric, se portèrent en 429 d'Espagne en Afrique du Nord, où ils s'emparèrent de toutes les possessions romaines. En 455 les Vandales entreprirent une expédition par la mer jusqu'en Italie et saccagèrent Rome. De là la notion de « vandalisme », synonyme de destruction massive de richesses artistiques et de biens matériels, d'atrocités et de cruauté insensée.

 Vers le milieu du Ve siècle les Saxons, les Angles et les Jutes quittent le nord de la Germanie et la presqu'île du Jutland pour envahir la Bretagne. A cette époque les chefs des mercenaires germains régnaient en maîtres en Italie et à Rome même; ils détrônaient les empereurs indésirables au profit de leurs créatures. Les conquérants ne rencontrèrent pas de résistance sérieuse de la part des populations des provinces romaines, sauf en Bretagne. L'Empire était devenu trop faible et les peuples opprimés par Rome voyaient en eux non pas des conquérants mais des libérateurs. Les révoltes des masses laborieuses venaient fréquemment s'ajouter aux invasions barbares. Lors de la conquête de la Gaule et de l'Espagne, les chefs des Wisigoths profitèrent de la révolte des Bagaudes, qui avait repris dans ces provinces. Les Vandales s'assurèrent de la même façon le concours de la population de l'Afrique du Nord mécontente de la domination romaine. Salvien écrivait à ce propos: « L'unique désir de tous les Romains est de ne plus jamais être régis par des lois romaines. Le seul rêve universel de la plèbe romaine est de vivre avec les Barbares. » Même sous le joug des Huns, les plus sauvages et les plus cruels des Barbares, la population se souvenait avec horreur de la domina- tion romaine. L'ambassadeur de l'empereur d'Orient à la cour d'Attila, chef des Huns, rapportait avoir rencontré un Grec qui préférait vivre chez les Barbares plutôt que dans l'empire. Sidoine Apollinaire, poète gaulois du temps, déplorait le manque de culture des Barbares installés dans son pays et leur aspect sauvage, tout en notant leur attitude respectueuse et leur bonhomie. 

 

Les Huns en Occident. La bataille des Champs Catalauniques. 

La menace des Huns que l'Empire d'Orient avait pu esquiver pesa au milieu du Ve siècle sur l'Empire d'Occident. Les Huns occupaient alors la Pannonie et régnaient en maîtres sur de vastes territoires périphériques. La différenciation sociale s'accusait. Les prisonniers de guerre devenaient esclaves d'Attila et de ses fidèles, et servaient pour les travaux domestiques. Les Huns étaient demeurés pasteurs et ils imposaient un tribut en produits de la terre aux peuples agriculteurs qu'ils soumettaient. L'Union des Huns était une fédération tribale qui comprenait entre autres les Antes, les Alains, les Ostrogoths, les Hérules et les Gepides. Attila, surnommé le « Fléau de Dieu », continua ses campagnes de conquêtes, accompagnées de destructions et de ravages terribles. L'Europe garda pendant des siècles le souvenir atroce de invasion des Huns. 

 

L'historien goth Jordanès (Vie siècle) a laissé un portrait frappant d'Attila : « Homme venu au monde dans un entrechoquement de races, terreur de tous les pays... Il était d'allure altière, il avait un regard singulièrement mobile, si bien que chacun de ses mouvements traduisait l'orgueil de sa puissance. Amoureux de la guerre, il était ménager de sa force, très capable de réflexion... Sa petite taille, sa large poitrine, sa grosse tête, ses yeux minus- cules, sa barbe rare, sa chevelure hérissée, son nez trop court, la noirceur de son teint, autant de signes de ses origines... Sous une sauvagerie extrême se dissimulait un homme fin et rusé, qui avant d'entreprendre une guerre combattait avec une habile hypocrisie. » Attila aurait terminé sa harangue adressée aux guerriers avant la bataille décisive de sa vie par ces paroles: « Quiconque peut rester froid quand Attila combat, est déjà enseveli.

 

 Dans leur avance vers l'Ouest, les Huns ravagèrent les villes de la Gaule. Une bataille s'engagea en 451 aux Champs Catalauniques, près de Troyes. Attila eut à combattre les Wisigoths, les Burgondes, les Francs et les légions romaines conduites par Aétius. Les tribus germaniques soumises par Attila étaient venues grossir les rangs des Huns. Souffrant de lourdes pertes, les Huns durent se replier. Cette « bataille des peuples » entama leur puissance. Sur le chemin du retour Attila saccagea Trêves et envahit la haute Italie. Après sa mort (453), la fédération hunnique, énorme mais peu solide, se disloqua; les Huns s'éloignèrent vers l'Est, quant aux tribus germaniques et slaves qui en faisaient partie, elles se fixèrent en Europe. 

 

Chute de l'Empire romaind'Occident. 

La formation des royaumes barbares en Occident se poursuivit. Les Burgondes, installés en Savoie, depuis 443, en qualité d'alliés de Rome, occupèrent en 457 la province lyonnaise (sud-est de la Gaule). S'il faut en croire les chroniques, la population gallo-romaine invita les Burgondes pour « éviter le paiement des impôts à l'Etat ». Cependant, officiellement, l'Empire d'Occident subsistait encore, bien que presque entièrement aux mains des Germains. Il est convenu de considérer l'an 476 comme la date de sa chute. C'est en effet en 476 que le dernier empereur d'Occident, Romulus Augustule, fut détrôné par Odoacre, chef des armées barbares d'Italie. Au demeurant, les contemporains n'y avaient point vu le signe de la chute de l'Empire. Odoacre avait envoyé à Constantinople les insignes impériaux et on considéra l'empereur d'Orient investi du pouvoir sur toute l'étendue de l'« Orbis Romanus ». Rome conservait son Sénat et d'autres institutions impériales. En fait l'Empire romain d'Occident était définitivement devenu une fiction.

 En 486 tout le nord de la Gaule, jusqu'à la Loire, fut conquis par Clovis, roi des Francs, établis de longue date à l'ouest du Rhin inférieur. 

L'Italie était occupée par des Barbares (Hérules, Alains, Scires, Sarmates, etc.), soldats de l'armée d'Odoacre, ils cultivaient les terres qui avaient appartenu aux propriétaires romains. Mais la domination d'Odoacre en Italie fut de courte durée: en 488 les Ostrogoths se mirent en marche en direction de l'Italie, à la recherche de nouvelles terres et pour échapper à la famine qui les menaçait en Pannonie, où ils s'étaient fixés après la dislocation de l'Union des Huns. Le chef des Ostrogoths, Théodoric, profitant en 489-493 du mécontentement des aristocrates et du clergé romains à l'occasion des confiscations opérées par Odoacre, lui infligea une défaite et s'empara de l'Italie. Le nouveau roi s'installa à Ravenne, résidence des derniers empereurs romains.

 Aux approches de l'an 500 toute l'Europe occidentale et l'Afrique du Nord étaient occupées par les peuplades barbares, qui avaient formé des royaumes indépendants. 

Les conquêtes des Barbares s'accompagnaient ordinairement de l'extermination et de la ruine d'énormes masses populaires. Ils opéraient des ravages dans les trésors culturels et matériels; des provinces voire des pays entiers étaient dévastés pour de longues années, les villes et les villages n'étaient que ruine et désolation. D'autre part, le cataclysme qui fondit sur l'Empire d'Occident mit un terme à l'esclavagisme. Les Barbares conqué- rants amenèrent d'autres formes de rapports sociaux, qui « régénérèrent» l'Europe occidentale et frayèrent le chemin à une formation économico-sociale nouvelle. 

La chute de l'Empire romain et la naissance des royaumes barbares marquent l'avènement du Moyen Age.

 

Histoire Du Moen Age. Editions Du Progres Moscou, 1970. Traduit l'edition russe 1964.